Lançons le débat ..

En réponse à un article sur le roman de Philippe Forest, Le Chat de Schrödinger, sur pileface.com

Une petite remarque, peut-être un peu hâtive, ou simplement naïve :

L’expérience de pensée de Schrödinger n’a rien à voir avec l’être et le néant, mais avec la superposition quantique, qui prédit que les choses sont comme ceci et comme cela à la fois, c’est à dire indéterminées, tant que la mesure de l’une des situations possibles n’est pas effectuée . L’être et le non être sont deux notions à la racine de notre pratique de la raison, de l’établissement du tiers exclu de la logique à la partition des antagonismes universaux, qui assurent une identité stable aux phénomènes, et nous indique de distinguer le ceci du cela . Le chat de Schrödinger ouvre sur une possibilité absente de la métaphysique classique, en proposant non pas une alternative, mais une coexistence, soit à peu près l’inverse .

Si le paradoxe de Schrödinger, qui ne concerne aucun chat réel, ouvre sur quelque chose, c’est sur la multiplicité des mondes, non pas possibles, mais réels .

Prenons une droite et dessinons un point, combien de parallèles à la droite peuvent passer par ce point ? La réponse conventionnelle décrit une seule parallèle passant par ce point . Or il se trouve démontré qu’il est impossible qu’une seule droite ne puisse passer par ce point et être parallèle à notre droite, c’est un grand mathématicien qui a découvert cela, vous chercherez son nom .

Ensuite, dans la série historique des interprétations de la physique quantique, un jeune étudiant avait lancé sans le vouloir un pavé dans la marre avant de quitter ses études, d’autres s’en sont emparé et en ont aperçu que lors de l’incertitude quantique, se formait un espace de bifurcation ouvrant peut-être sur des embranchements de mondes, tout proches, si inaccessibles, semblables à ces droites parallèles à notre point, réelles et impossibles à concevoir conventionnellement, dans lesquels toutes les possibilités de mesure existent exclusivement les uns des autres .

Cette conjecture, des noms de ces deux savants, n’a pas d’existence car elle n’est pas écrite, mais la physique quantique envisagée ainsi décrit une multitude d’être, aucun non-être, et tous les éléments de notre monde aussi bien, dont la mort, la destruction, la disparition, la négativité ou le mal, un concept au nom de non-être, et les fantasmes post romantiques de nombreux auteurs .

D’autres expériences de pensée permettent de comprendre que s’il n’est pas actuellement possible, sous les conditions normales de notre monde en tant qu’il est réduit au monde socio-politique, de passer d’un monde à un autre, c’est bien cela qui est en jeu, la multiplicité des mondes et l’art du changement .

Comment passer d’un monde à un autre ? On ne peut pas choisir et retourner en arrière, donc, mais en avant, effectuer des actions décisives pour sauter d’un monde à un nouveau, si proche, si différent dans ses développements pourtant, oui .

Chaque fois que nous sommes pris dans un dilemme ou une mesure quantique, nous passons, par les choix que nous faisons, d’un monde ancien à un nouveau .

C’est pourquoi le chat de Schrödinger meurt sans doute de faim, car personne n’aurait le courage de risquer de tuer un chat, comme chacun sait . D’autres versions plus respectueuses de cette réalité proposent un dispositif pour simplement endormir le chat, et l’expérience de pensée fonctionne tout aussi bien .

Nous ne savons pas ce qui constitue 96% de l’Univers, modestement, laissons penser que si le tout de ce qu’il y a et que nous détectons, matière physique ordinaire, superpositions quantiques incluses, ne représente que 4% de ce qui est, peut-être cette proportion d’inconnu héberge-t-elle la diversité des mondes déjà bifurqués, dont nous n’avons pas besoin pour vivre dans une réalité acceptablement stable, même et une .

La question du non-être garde pourtant tout son intérêt, simplement, le “Chat de Schrödinger” est à la fois tout autre chose, et quelque chose de peut-être plus profondément inscrit dans la nature réelle du monde moderne, que la spéculation antique sur le dilemme héraclitéo-parmenidien .